• Nicolas Poulain, agent trouble

    Un prisonnier dans la tour
    Nicolas Poulain dans son cachot

    Où son aventure commence, ne peut se terminer qu’au fond d’un cachot humide et mal odorant du château de Gisors. Le prisonnier de Tour, Nicolas Poulain (ou Poullain) est toujours resté une énigme. Son image mythique à susciter toutes les hypothèses. Qui était-il ? D’où venait-il ? Les thèses les plus folles au plus scabreuses courent encore de nos jours. Du Gardien mystérieux des trésors enfouis dans souterrains de Gisors, attendant le retour de sa promise, à l’amant de Blanche d’Evreux en passant par le délire du conquérant américain, rien ne nous a été épargné.
    Il faut reconnaître que les élucubrations ravageuses tournant autour de ce mystérieux prisonnier ont vu le jour après la publication en 1962 du livre de Gérard de Sède, « Les Templiers sont parmi nous ». Pour cela, le passé obscur du château de Gisors et de la ville est complètement trafiqué depuis des dizaines d’années tant par les guides du château que par les historiens contemporains, ou prétendu tel. L’objectif est clair: supprimer toutes traces de l’Ordre Templier à Gisors afin de refréner l’ardeur des chercheurs de trésors, quelle que fut la nature de son contenu. Certains vont même jusqu’à émettre des réserves quant à la présence templière dans ces murs aussi courte fut-elle. D’autres, pourfendeurs des fantasmes populaires, ayant une rhétorique bien huilée, mettent en avant la théorie d’un chanoine Tonnelier , renommant le prisonnier de la tour Nicolas Poulain en Elie de Beaumont fuyant la terre de France pour courir l’Amérique . L’abstraction qui est faite, de l’inscription - Ô mater dei, memento mei, POVLAIN - gravée sur les murs de la geôle, réduit à néant cette imposture.
    Plus sérieusement N. R. Potin de la Mairie et P. F. D. Hersan prétendait que le nom gravé de Nicolas Poulain désignait le lieutenant prévôt d'Ile de France, qui dénonça un complot de la faction dite des 16 ourdit en 1587 contre Henri III. Les Guises pour se venger le firent enfermer à Gisors. Châteaubriant, quant à lui, reprend cette thèse dans son Analyse raisonnée de l’historie de France . Il ajoute que ce N. Poulain était le fils naturel du Cardinal Charles de Bourbon, fondateur de la Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon, couloir de la Demeure Mystérieuse gaillonnaise, exhumé des entrailles de l’histoire de France sécrète par Patrick Ferté . Les deux initiales N et P retrouvées parmi les graffitis ornant les murs du cachot de Gisors sont autant de preuves supplémentaires qui accréditent cette version.

    Thierry Garnier


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